Interview Nesrine
Entretien avec Nesrine
Vous êtes violoncelliste, compositrice et chanteuse. Comment êtes-vous venue à la musique ?
Très jeune grâce à ma professeure de maternelle qui nous faisait faire des chœurs et qui avait remarqué que je chantais très juste. Elle a insisté pour que je rentre dès six ans dans une école avec une filière musicale. Mes parents sont très mélomanes, ils avaient une association de promotion d’artistes du Moyen-Orient. J’ai donc toujours été dans un environnement entouré de musiques.
Comment décririez-vous votre musique ?
Je la considère comme un jazz pop avec des racines nord- africaines.
Après le succès de votre trio NES avec votre album Ahlam, acclamé en Europe, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer en tant qu’artiste solo avec votre album Nesrine ?
C’est très différent d’être dans un groupe où on fait tout ensemble. Ça a été super, mais là j’avais des choses à énoncer seule. Avec NES c’était le magnifique violoncelliste Matthieu Saglio qui jouait. Aujourd’hui, je souhaite être autant violoncelliste que chanteuse, et il me fallait plus d’espace pour pouvoir jouer.
Dans Nesrine, vous collaborez toujours avec David Gadea, percussionniste de NES. Vous avez aussi gardé la chaleur et la sonorité organique d’Ahlam. Est-il important de garder une continuité entre votre trio NES et votre carrière solo ?
C’est une bonne question mais en tant qu’artiste je ne me la pose pas comme ça, je fais avec ce que je suis moi à ce moment-là. Peut-être que la continuité est dans l’instrument, le violoncelle. C’est avec lui que je compose, il était central pour la composition des chansons de l’album de NES et je pense que le côté organique existe grâce à ça. Mais c’est juste un fait, pas une volonté.
Pour l’album Nesrine il y a un côté minimaliste qui est important pour laisser de l’espace à la voix.
Votre album Nesrine a des influences multiples, vous êtes polyglotte, comment arrivez-vous à vous affranchir des genres musicaux ?
Je n’y réfléchis pas tant que ça, c’est une évidence dans mon parcours de vie qui m’a menée sur des chemins et qui maintenant se rencontrent tous. Je me pose la question par contre parfois de qui je suis maintenant musicalement… J’ai commencé la musique en chantant et en jouant de la mandoline avec mes parents dans
un orchestre de musique arabo- andalouse donc il y a toute l’Afrique du Nord qui est très présente dans ma musique. Ensuite, j’ai fait toute ma carrière classique en tant que violoncelliste qui m’a énormément forgée et le reste de mes influences c’est toute la musique que j’écoute depuis toujours : la musique noire américaine des années 1970, les influences rock de mon adolescence. Tout ça s’accumule, et comme je suis musicienne tout ces sons dans ma tête se mettent ensemble et ressortent de cette manière-là.
En tant qu’artiste, j’ai parfois l’impression d’être un canal de ce qui se passe et que ça ressort via ma voix, mon instrument, et mon écriture, comme un résumé de ce que j’ai vécu, de mes voyages, de mes rencontres. Tout se retranscrit là je crois.
Mon éternel statut d’étranger que j’aime beaucoup me permet énormément de liberté dans les rencontres et les pays où l’on est. Cette presque étrangeté, justement, permet la rencontre et la création je crois.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Plein de choses (rires). Plein de concerts, il faut que je retourne sur scène, que je retrouve le public, sinon je ne vis pas. Vous pouvez me souhaiter ça : plein de scènes, de partages et d’échanges.
Et, peut-être, souhaitez moi de réussir à trouver le bon ton pour le prochain album que je prépare !