Cie L’Immédiat – Camille Boitel

Camille Boitel, acrobate, danseur, comédien et musicien, est un artiste majeur du cirque contemporain. Créateur inventif (La Lévitation réelle en avril) et interprète fabuleux, il a développé une discipline qui lui est propre ; le catastrophisme, ou cacophonie visuelle… Ici, la catastrophe est inhérente au personnage.

Du clown restent une esthétique soignée, les machineries de la drôle
de scène inclinée, et l’étrange personnage cascadeur, virtuose de la bévue. Vêtu d’un magnifique costume, Fissure rappelle un acteur de Kabuki fardé de blanc sous une immense perruque rouge, veste verte sur une robe blanche. Le clown rate tout ce qu’il entreprend. Il tend un piège ? Lui seul tombe dedans. Roi de la digression, de la gaffe et de la débâcle, rien ne l’arrête. Pas même ses drôles de morts : ce clown lunaire meurt toutes les dix minutes. Et à chaque cycle, un éclairage sur bras parcourt un demi-cercle de cour à jardin, tel un astre artificiel.

Dans ce seul en scène tragi-comique, apparaît un vrai héros de la nullité. Est-ce Fissure qui est bancal, ou est-ce le monde qui l’entoure ?

Presse

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Dès l’incident qui ouvre la pièce – une armoire tombe, et aussitôt Fissure se jette dessous, crinière la première –, le principe, le mécanisme du spectacle est donné. Catastrophe née d’un ou de plusieurs cataclysmes dont on ne sait rien tant son monde est replié sur lui-même, la créature incarnée par Camille Boitel se laisse aller à sa pente naturelle, au sens figuré comme au sens propre car le plateau où elle ne cesse de s’écrouler et de se relever est incliné. Cette caractéristique scénographique n’est pourtant pas la cause des difficultés de Fissure à se tenir debout : jamais le clown pleureur ne glisse. Pas plus que les meubles vieillots qui font de la scène une sorte de chambre hors du temps. Les nombreux pièges dont la scène est truffée, de même que dans toutes les pièces de Camille Boitel, ne semblent pas non plus responsables de la succession de calamités qui composent Fissure. Le clown est une sorte de Phénix programmé pour un échec qu’il n’arrive jamais tout à fait à réaliser.

Il ne lésine pourtant pas sur les moyens, ou du moins veut donner l’impression de faire tout son possible pour réussir la catastrophe parfaite : celle qui mettrait fin à ses jours. Ses sauts depuis l’armoire, ses électrocutions, ses intoxications produisent d’abord un effet comique habilement contrebalancé par la noirceur des tentatives. Rythmées par les allers-retours d’une lumière attachée à un long bras articulé, ces morts ratées paraissent dans un premier temps vouloir faire fable, ou du moins portrait. L’adresse très directe que crée la scénographie pentue nous fait miroiter sinon un dévoilement complet, du moins une levée partielle de l’énigme que nous pose l’artiste avec son clown fait de signes souvent contraires, et venus de partout. Mais Fissure demeure un système clos. Contrairement à L’Immédiat (2013), dont le mobiliser foisonnant finissait en tas informe, ou à (Ma, aïda…) dont le plancher ne résiste pas aux tentatives d’amour du couple incarné par Camille Boitel et Sève Bernard, le plateau de cette nouvelle création est lui aussi rebelle à toute évolution. »
Anaïs Heluin – SCENEWEB

 

‘ Avec Fissure, Camile Boitel propose un spectacle de clown radical. Une œuvre qui glisse du comique au tragique, et joue sur l’épuisement de ses propres mécanismes.

Finies les prouesses d’habileté, finis les pas de danse, fini le texte : Fissure fait place nette autour du clown. Restent une esthétique soignée, les machineries de scène, et le personnage. Ce dernier apparaît vêtu d’un costume rappelant un acteur de kabuki : fardée de blanc sous une immense perruque rouge, veste verte boutonnée au col sur une robe blanche, l’étrange créature est sans âge et sans genre. Quand les lumières s’éteignent, le clown s’ébranle : dans sa maladresse infinie, les gestes les plus anodins recèlent un danger mortel. Commence alors un enchaînement de saynètes, où il découvre mille façons de s’accidenter, dans un lieu de vie qu’il détruit à mesure que le spectacle avance. Les ressorts du clown burlesque fonctionnent : le public rit de la catastrophe, et, si l’issue est tragique à chaque fois, toujours le personnage se relève après un noir de quelques secondes. « A force de mourir, il épuise la mort, » en écrit Camille Boitel. À chaque cycle, un éclairage monté sur bras parcourt un demi-cercle de cour à jardin, tel un astre artificiel dans un monde de poche.
Mathieu Dochtermann – LA TERRASSE

 

Distribution

Écriture et mise en scène : Camille Boitel et Sève Bernard.

Idée originale, scénographie et interprétation : Camille Boitel.

Jeu et manipulation d’objets : Juliette Wierzbicki

Production

Coproduction et résidence Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux
Création 2022

RéserverVenir en covoiturage

Dates et horaires

Durée

  • Durée 1h
  • À partir de 8 ans

Tarif

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